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Interview Alain Foy

Passionné et attaché au patrimoine nautique guadeloupéen, il est un artisan, mais il possède d’autres talents, car c’est aussi un artiste ! En effet, au début de la crise sanitaire et à la suite d’un incendie criminel dans son atelier fin 2020, il décide de construire des tables aquarium.

  • Il y a 10-15 ans, est-ce que quand tu t’imaginais la voile traditionnelle de 2021, tu la voyais comme ça ?

Il y a 10 ou 15 ans, je l’avais imaginée plus jolie parce qu’on ne connaissait pas encore cette période de crise sanitaire qui a un peu cassé les choses. Malgré tout, je savais que c’était quelque chose qui allait évoluer parce que ça fait partie d’une richesse patrimoniale, mais je pensais que plus de jeunes de notre île se seraient plus intéressés alors qu’au contraire, ça s’est décalé sur l’île voisine alors que c’est notre coutume, notre histoire. Néanmoins, aujourd’hui, ils se réveillent un peu, car il y a quand même des jeunes qui commencent à aimer la voile. Mais du côté de la voile en elle-même, je n’étais pas étonné que ça prenne cette tournure, parce que la mer nous appartient quand même.

  • Pour toi, qu’est ce qui est le plus important dans un équipage de voile traditionnelle & dans la voile traditionnelle en général ?

Dans la voile traditionnelle, l’important, c’est de maintenir la tradition, c’est la force du patrimoine, la saintoise n’est pas uniquement un bateau de compétition mais un savoir-faire dans notre culture et dans notre patrimoine qui ne doit pas être perdu. Donc il faut trouver des bûcherons, car aujourd’hui tous les bûcherons ont minimum 60 ans (il ne faut pas oublier qu’un élagueur n’est pas un bûcheron), pareil en charpente marine, il n’y a plus de jeune qui font ce métier, non pas parce qu’il manque des jeunes qui veulent faire ce métier, mais par manque d’école. Aujourd’hui en Guadeloupe, on n’a pas d’école en charpente marine comme à Brest, ou en Bretagne qui fait que j’ai des jeunes qui viennent faire des stages jusqu’ici, mais nous, on n’a pas de structures alors que c’est la base et l’évolution première de la voile traditionnelle.

Dans un équipage en lui-même, je pense que c’est la persévérance et l’envie qu’ils mettent dedans, comment ils s’investissent.

  • Quelle est la course qui t’a le plus marqué et pourquoi ?

Je dirais peut-être la première fois que mon bateau a gagné et le comparerait avec ce qui s’est passé l’année dernière avec mon fils (traditour 2021) : un équipage saintois qui redonne le blason et les couleurs à notre île. Ces moments-là, je peux dire qu’ils m’ont marqué parce qu’il y a la fierté de voir qu’on est resté dans cette tradition, j’ai quand même gardé ce patrimoine, il est resté à nous appartenir et en plus, il y a un équipage saintois qui se bat pour le faire voir, eh bien c’est magnifique !

  • Quels sont les 5 mots qui te caractérisent ?

La paix, la vie, la réussite, le combat, l’amour et l’amour de tout ce qu’on fait !

  • À quoi ressemblait la première version de ton canot ?

Mon canot, c’était un peu l’évolution, pour montrer qu’avec le bois et les essences qu’on a en Guadeloupe, on peut aller beaucoup plus loin.

  • Au bout de combien de temps tu réussis à sortir les bateaux que tu produis maintenant ? Penses-tu être arrivé à la version final ou continues-tu améliorer tes bateaux au fil des années ?

Mon record, c’est 17 jours, mais je n’en fais plus en 17 jours, car je prends le temps de les faire, sinon, il faut compter un mois et demi en gros.

Dans la compétition, il n’y a pas d’arrêt, même dans la formule 1 à chaque nouvelle course Hamilton et Verstappen vont faire des petits réglages pour aller plus vite. C’est pareil en voile traditionnelle, quand tu fais de la compétition, tu ne peux pas t’arrêter parce qu’avec l’idée commerciale, si tu fais un bateau qui ne gagne pas et qui ne va pas plus vite que celui que tu as fait avant, je pense que ton commerce est mort. Ton commerce avance quand tu fais toujours mieux et c’est ça la vérité de la vie : toujours aller plus loin, mieux et plus vite, c’est ce qui fait qu’on existe.

  • Quel est ton plus bel accomplissement professionnel ?

Je ne l’ai pas encore accompli !

  • Si tu devais changer une chose à propos de ton travail, qu’est-ce que ce serait ?

Être encore plus jeune pour encore plus et mieux donner.

  • Quelle est la citation qui te parle le plus ?

« Ne jamais baisser les bras dans la vie »

  • Un mot de la fin ?

Il faut qu’on continue à se battre, ne jamais baisser les bras et plus on y croit, plus on devient fort.